Petites scènes capitales de Sylvie Germain
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Editions Albin Michel - 248 pages
Littérature française
Tout en évocations lumineuses, habité par la grâce et la magie d'une écriture à la musicalité parfaite, petites scènes capitales s'attache au parcours de Lili, née dans l'après-guerre, qui ne sait comment affronter les béances d'une enfance sans mère et les mystères de la disparition.
Et si l'énigme de son existence ne cesse de s'approfondir, c'est en scènes aussi fugitives qu'essentielles qu'elle en recrée la trame, en instantanés où la conscience et l'émotion captent l'essence des choses, effroi et éblouissements mêlés.
Résumé éditeur.
MON AVIS :
Musicale et lumineuse, l'écriture de Sylvie Germain nous transporte et nous égaie. En nous racontant les interrogations d'une fillette, les errances de l'adulte qu'elle devient et les souvenirs de la femme mure qu'elle incarne, elle fait de son roman une oeuvre poétique et lumineuse où vient se poser, gracile et délicate, une écriture douce et habile. Une parenthèse littéraire à la rencontre de personnages forts et attachants. Un parcours parfois âpre et dur mais toujours d'une époustouflante humanité pour un questionnement du monde universel. Une puissante quête d'amour, magnifiquement écrite, que je vous recommande.
L'amour, ce mot ne finit pas de bégayer en elle, violent et incertain. Sa profondeur, sa vérité ne cessent de lui échapper, depuis l'enfance, depuis toujours, reculant chaque fois qu'elle croit l'approcher au plus près, au plus brûlant. L'amour, un mot hagard.
De la moindre vie humaine, quelque chose d'irréductible demeure, toujours ; rien de ce qui a lieu en ce monde, grand ou petit, tragique ou anodin, ne peut être annulé, et rien ne reste sans conséquences, aussi discrètes soient-elles.
Si jamais il y a eu un secret, quelle importance désormais, puisqu'il n'en reste nulle trace, finit par se dire Lili Barbara, et elle se demande quel sens peut avoir un évènement qui a bel et bien eu lieu mais dont il ne subsiste rien, aucun souvenir, dont aucun témoignage ne donnera connaissance. Est-il alors aboli, expulsé du réel ? Mais pourquoi un évènement qui s'est un jour produit serait-il anéanti du seul fait de rester inconnu ou d'avoir sombré à jamais dans l'oubli ?
Et, à l'inverse, un fait imaginé auquel on croit avec force et constance, et qui se fait constitutif d'une personne, devient-il réel ? Où se situe la ligne de démarcation entre réalité et fiction ?