Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants de Mathias Enard
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Editions Actes Sud - 154 pages
Littérature française
En débarquant à Constantinople le 13 mai 1506, Michel-Ange sait qu’il brave la puissance et la colère de Jules II, pape guerrier et mauvais payeur, dont il a laissé en chantier l’édification du tombeau, à Rome. Mais comment ne pas répondre à l’invitation du sultan Bajazet qui lui propose, après avoir refusé les plans de Léonard de Vinci, de concevoir un pont sur la Corne d’Or ?
MON AVIS :
Ciselé comme un joyau d'orfèvrerie, l'écriture de Mathias Enard nous entraine dans les confins de l'orient à la rencontre d'êtres évanescents et mystérieux. Un voyage initiatique, entre conte et réalité, qui nous mène en quête de sens, à la recherche de l'art, de la beauté et de l'acte de créer.
Une chronique de l'histoire romancée qui nous entraine à la découverte de l'homme qu'aurait pu être Michel-Ange. Un être nuancé, fait de désirs et de travail, d'obsessions et de pensées créatives.
Un joli récit, à l'ambiance chaude et lourde et aux lumières contrastées, qui nous pousse, par son écriture lumineuse, à la réflexion sur l'acte de créer et parvient, même s'il aurait pu mener ses personnages plus loin, à nous faire voyager dans l'espace et dans le temps.
Je sais que les hommes sont des enfants qui chassent leur désespoir par la colère, leur peur dans l'amour ; au vide, ils répondent en construisant des châteaux et des temples. Ils s'accrochent à des récits, ils les poussent devant eux comme des étendards ; chacun fait sienne une histoire pour se rattacher à la foule qui la partage. On les conquiert en leur parlant de batailles, de rois, d'éléphants et d'être merveilleux ; en leur racontant le bonheur qu'il y aura au-delà de la mort, la lumière vive qui a présidé à leur naissance, les anges qui leur tournent autour, les démons qui les menacent, et l'amour, l'amour, cette promesse d'oubli et de satiété.