Blonde de Joyce Carol Oates
Editions Le livre de poche / La cosmopolite stocks - 990 pages
Littérature américaine
"Blonde ne ressemble à aucun livre de Joyce Carol Oates. Avec cette oeuvre monumentale et baroque, qu'elle compose à partir des fantasmes que lui inspire Marylin Monroe, l'écrivain a marqué de son empreinte un genre inédit : la "bio-fiction". Construite en cinq actes, cette tragédie est écrite sur deux modes : l'un, narratif et réaliste, l'autre surréaliste, composé de visions et d'hallucinations. Un peu comme si la folie d'une Marilyn starifiée venait interrompre les voix de différents personnages tentant de raconter son histoire. Au sein de ce coeur, on entend le souffle gracile et timide de Norma Jeane, l'enfant blessée et perdue que Marilyn a dû être, obsédée par le pouvoir de destruction et la fragilité de sa mère."
Quatrième de couverture.
MON AVIS :
2011 fut marquée par une rencontre, littéraire mais également émotionnelle. Joyce Carol Oates a su à travers un livre, ouvrir une porte dans l'inconscient de son lecteur et se faire une tendre place en son coeur. Son livre est inédit, tant par sa construction que pas sa manière d'aborder cette figure charismatique qu'était Marilyn. Un hommage bio-fictif qui retranscrit sans faillir cette fulgurance dans laquelle s'incarnait l'actrice sans oublier cette fragilité d'enfant qui faisait d'elle l'être complexe et tendre que l'on connaît. Un portrait imaginaire sublime où Norma Jeane devenue Marilyn incarne toutes les femmes - la jeunesse étincelante, l'épouse trahie, le fantasme masculin, la peur maladive... Un livre aussi dense qu'étonnant, où chaque page tournée nous rapproche de celle qui, prisonnière d'un corps trop voluptueux, rêvait de tendresse et d'affection.
Une plongée inédite dans une vie de lumière à la découverte de cette Marilyn inaccessible qui vit en nous, portée par une écriture légère et diversifiée, tendre et tranchante, Blonde incarne l'aisance littéraire au service de l'intensité des sens...
Une fille au corps luxuriant dans la plénitude de sa beauté physique. Dans une robe bain de soleil en crêpe Georgette ivoire, les seins moulés dans les plis soyeux onduleux de l'étoffe. Elle est débout, jambes nues écartées sur une grille de ventilation du métro new-yorkais. Sa tête blonde est extatiquement rejetée en arrière tandis qu'un courant d'air soulève sa large jupe évasée, révélant une culotte de coton blanc. Du coton blanc ! La robe de crêpe ivoire flotte, magiquement aérienne. La robe est magique. (...) Elle rit et pousse des cris aigus comme une enfant de quatre ans quand un nouveau courant d'air soulève sa jupe. Genoux dodus, jambes musclées de danseuse. Une fille solide et saine. Épaules, bras et seins sont ceux d'une femme en pleine maturité mais le visage est celui d'une petite fille. Frissonnant dans l'été new-yorkais quand le passage d'une rame de métro soulève sa jupe comme le souffle précipité d'un amant.