Château en Suède de Françoise Sagan
Editions Julliard - 108 pages
Littérature française
Dans un château de Suède, la famille Falsen se retrouve prisonnière des neiges hivernales en compagnie d'un hôte, lointain cousin, invité à l'improviste.
Entre vérités et faux semblants, Eléonore s'amuse à séduire ce cousin, Frédéric, transi de froid et d'amour pour elle, sous le regard complice de son mari violent, Hugo.
Avec l'aide de son frère incestueux et de la première femme d'Hugo, tous complotent dans les obscurs couloirs du château...
MON AVIS :
Présentée comme une pièce de théâtre en quatre actes, Château en Suède étonne par une succession de situations cocasses et inattendues. Personnages déjantés et situations délirantes parsèment cette drôle de pièce écrire par Sagan en 1960.
Un vaudeville revisité, entre comédie de moeurs et mélancolie inventive, par lequel l'auteur nous offre sa vision du théâtre. Une écriture rythmée et précise pour un genre qui n'est cependant pas la plus grande force de l'écrivain. Une pièce intéressante et rapide néanmoins moins piquante et spirituelle que ses précédentes oeuvres.
Une lecture qui s'inscrit dans la cadre du challenge "Françoise Sagan" créé par George et Delphine.

OPHELIE. - Si jeune, quelle tristesse... ! quel sombre destin, comme dirait Agathe. Je peux vous embrasser, Frédéric ?
Il a l'air désemparé. Elle vient vers lui.
OPHELIE. - Alors ? Je voulais dire "sur la bouche".
FREDERIC. - Non.
OPHELIE. - Mais ce n'est pas amusant, autrement.
FREDERIC. - Non ! Pas sur la bouche.
OPHELIE. - Mais ce n'est pas amusant autrement.
FREDERIC. - Je n'ai pas envie de rire.
OPHELIE. - Ça, je vous comprends. Mais ne vous découragez pas. On peut y échapper parfois.
FREDERIC. - Que voulez-vous dire ?
OPHELIE. - Mon Dieu, si vous saviez...
FREDERIC. - Sii je savais quoi ?
OPHELIE. - Ce qu'ils vont vous faire... Mon Dieu...
FREDERIC. - Que voulez-vous qu'on me fasse ? Et qui ?
OPHELIE. - Les autres. Ils vont vous faire peur, d'avord, et puis vous tuer, peut-être. Mon Dieu...
FREDERIC, impatient. - Me tuer, mais on est au XXe siècle, ma petite, malgré ces dentelles. Et si Sébastien me cherche noise...
OPHELIE. - Il y a Hugo aussi. Il m'a bien tuée, moi.