Testament à l'anglaise de Jonathan Coe
Editions Gallimard (Folio) - 682 pages
Littérature britannique
Michael Owen, jeune écrivain agoraphobe, est engagé par la vieille et démente Tabitha Winshaw pour écrire une chronique sur son illustre famille. Cette dynastie est en effet présente dans tous les domaines de la vie publique anglaise : politique, art, entreprise, finances, journalisme... Mais lorsque Michael découvre l'ampleur de sa tache, il est loin de se douter des vices et méfaits commis par l'ensemble des membres de cette famille... Et si la tante Tabitha disait vrai ? et si les tragédies familiales jamais élucidées étaient en réalité des crimes maquillés ?
MON AVIS :
Présenté comme un fin mélange de thriller noir et de comédie à l'humour tout britannique, Testament à l'anglaise peine à entrer dans l'une ou l'autre de ces catégories. A la fois riche en personnages, en description et en rebondissements, il souffre cependant d'une trop grande richesse de situations. Des rebondissements peu crédibles alliés à de longues descriptions perdent le lecteur dans les méandres d'une satire politique maladroite. Une écriture pourtant fluide et mesurée qui ne réussit cependant pas à sauver le roman qui s'essouffle au fil des pages et souffre de longueurs.
Difficile de s'attacher à ces personnages parfois inutiles souvent caricaturaux et à leurs mésaventures dans une société créée pour eux. Une fin trop attendue pour un ensemble décevant.
Par deux fois déjà la tragédie avait frappé les Winshaw, mais jamais avec une telle intensité.
Le premier de ces incidents nous ramène à la nuit du 30 novembre 1942, durant laquelle Godfrey Winshaw, qui n'avait alors que trente-deux ans, fut abattu par un tir antiaérien allemand lors d'une mission secrète au dessus de Berlin. La nouvelle, qui parvint à Winshaw Towers aux petites heures du matin, suffit à faire perdre complètement la tête à sa soeur ainée Tabitha, et elle ne l'a pas retrouvée depuis. (...)
Par une curieuse ironie, cette même Tabitha Winshaw, aujourd'hui âgée de quatre-vingt-un ans et pas plus saine d'esprit qu'elle ne l'a été durant les quarante-cinq dernières années, se trouve être, amis lecteurs, le commanditaire, la mécène, du livre que vous tenez en main. Écrire avec objectivité sur son état devient ainsi une tâche quelque peu problématique. Cependant, il faut établir les faits, et les faits sont les suivants : depuis le moment où elle a appris le décès tragique de son frère, Tabitha a été la proie d'une illusion baroque. En un mot, elle a conçu l'idée (si on peut parler d'idée dans son cas) qu'il n'avais nullement succombé à des balles nazies, mais que le responsable de cette mort brutale était leur frère Lawrence.