La comtesse de Ricotta de Milena Agus
Editions Liana Levi - 122 pages
Littérature italienne
La splendeur ancienne n'est plus, le palazzo familial se délabre, la plupart des appartements ont été vendus et les trois soeurs se partagent ceux qui restent. Seule l'aînée, Noemi, rêve de reconquérir le faste perdu et de restaurer la demeure sur les hauteurs de Cagliari. Les deux autres s’accommodent de la déchéance.
Le sujet sur lequel en revanche toutes les trois s'accordent est l'amour imparfait. Toujours imparfait. Pour Maddalena, qui s'adonne avec persévérance à une sexualité fiévreuse, le désir d'enfant n'est pas satisfait. Pour Noemi, l'objet de l'amour est fuyant et dédaigneux. Quant à la plus jeune, la comtesse de Ricotta, on dirait que la vie entière lui échappe. Comme les objets de ses mains maladroites.
Résumé éditeur.
MON AVIS :
Aérien et tendre, le roman de Milena Agus brasse des thèmes chers à l'auteure : le manque d'amour, l'absence et la solitude. Un univers poétique et sensible dans lequel les personnages, attachants et volatiles, se livrent au lecteur, le charment puis lui échappent.
Une plongée dans un univers féminin, à la fois étrange et intimiste, qui nous ouvre le coeur de femmes fantasques, drôles et attachantes.
Une écriture fine et précise pour un petit livre au charme agréable bien qu'éphémère. A découvrir.
En montant les marches, entre deux sanglots, la comtesse lui avait raconté qu'elle avait croisé dans la rue l'homme avec qui elle avait fait l'amour cette nuit-là. Il parlait dans son portable et l'avait saluée d'un simple signe de tête, concentré sur sa conversation, puis il avait continué sa route.
"Il ne te mérite pas. Ceux qui ne nous aiment pas ne nous méritent pas, disait Maddalena pour la consoler.
- Mais moi, personne ne m'aime.
- C'est parce que personne ne te mérite.
- Comment pourrai-je être à ce point supérieure aux autres que personne ne me mérite.
- Allons chez moi, je vais te préparer quelque chose de chaud.
- Tu ne sais dire que des banalités. Je ne veux rien boire de chaud, et je ne veux pas manger non plus. Je veux mourir. Vous ne savez dire que des banalités, tous.