Chambre 2 de Julie Bonnie
Editions Belfond - 186 pages
Littérature française - Premier roman
Une maternité. Chaque porte ouvre sur l'expérience singulière d'une femme tout juste accouchée. Sensible, vulnérable, Béatrice, qui travaille là, reçoit de plein fouet ces moments extrêmes.
Les chambres 2 et 4 ou encore 7 et 12 ravivent son passé de danseuse nue sillonnant les routes à la lumière des projecteurs et au son des violons. Ainsi réapparaissent Gabor, Paolo et d'autres encore, compagnons d'une vie à laquelle Béatrice a renoncé pour devenir normale. Jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus supporter la violence du quotidien de l'hôpital.
Un hommage poignant au corps des femmes, et un regard impitoyable sur ce qu'on lui impose.
MON AVIS :
La chambre 2, c'est celle où tout commence : la vie, la mort, le souvenir. Celui de ces femmes qui souffrent, dans leurs corps et dans leurs âmes, qui se donnent et s'abandonnent. Un endroit de solitude et d'attente, où la puéricultrice, maillon de la chaîne, se perd à son tour, entre confiance et folie. Un hymne au corps des femmes et à ses souffrances porté par une très belle écriture, fluide, fine et efficace.
Une jolie plume pour un premier roman poignant et terrifiant à plus d'un titre. Une oeuvre souvent difficile mais qui se pare de moments de grâce sublimes. A découvrir !
C'était une sensation merveilleuse, exceptionnelle, d'avoir été entendue dans ce monde si blanc. Le Dr Marie m'est apparu comme un ange, au sourire pareil à une étreinte chaude.
Elle réalise, là, sous mes yeux.
C'est moi qui ai posé le bébé sur elle. Et elle rit et elle pleure. Je la vois tomber amoureuse.
C'est comme si une nouvelle couleur venue de nulle part, comme si l'indigo de l'arc-en-ciel de mon enfance avait envahi toute la pièce.
Son visage est indigo, le bébé est indigo, les murs de l'hôpital deviennent indigo, et petit à petit mes mains sont indigo, puis mes bras, mes cheveux.
Une couleur nouvelle ruisselle sous mes yeux.
Alors mes larmes indigo coulent d'un coup. Et je reste un peu à pleurer avec elle. J'assiste à la naissance d'une mère. C'est presque plus émouvant que la naissance d'un enfant.