Je m'appelle Elisabeth d'Anne Wiazemsky
Editions Gallimard - 168 pages
Littérature française
Betty a douze ans quand elle recueille, à l'insu de tous, dans la cabane de son jardin, un fou qui s'est échappé de l'hôpital psychiatrique dont son père est directeur. Quarante ans plus tard, elle raconte leurs échanges, leurs regards et leur tendresse.
MON AVIS :
Anne Wiazemsky parvient ici à décrire le monde de l'enfance avec talent. A travers une écriture pudique et sincère, elle dévoile avec justesse l'exaltation, la honte, l'inquiétude de l'enfant face à un monde, celui de "son" fou, qui lui échappe. Bien que très descriptif, le livre n'en n'est pas moins une belle réussite, grâce à une écriture sobre et intimiste. Un livre qui témoigne de l'insouciance de la jeunesse et du passage à l'âge adolescent. Tendre et enfantin.
Rose revenait quand Betty quitta la cuisine. Dissimuler le paquet derrière son dos, lui sourire, donner l'impression que ce mardi était un mardi comme tous les autres l'amusait énormément. Ce qu'elle éprouvait depuis sa rencontre avec l'homme évadé la transportait dans un monde inconnu, une sorte de nouveau jeu qui ressemblait aux aventures de ses livres favoris, ceux qui, à l'inverse de fantômas ne lui faisaient pas peur, où un enfant avait le pouvoir de cacher un adulte innocent traqué par des bandits sanguinaires.
Betty prit le biscuit. Depuis un moment déjà, elle n'était plus dans la paisible salle à manger familiale mais, en pensée, dans la cabane au fond du jardin, avec celui qu'elle appelait "mon fou"
L'un lisait le dernier numéro de L'express, l'autre Le Monde. Betty les regardait et s'étonnait : pour eux, elle était toujours leur petite dernière. Ils ne soupçonnaient rien de l'extraordinaire aventure qu'elle était en train de vivre. Elle n'avait pas conscience de leur mentir. Elle cachait un évadé dans sa cabane, soit, mais c'était son fou, son histoire, cela ne regardait qu'elle. D'ailleurs, personne ne devait savoir qu'un malade s'était enfui de l'hôpital.